Jean-Claude Malgoire et Arpège…

 

C’est en se replongeant dans nos archives que le trésor musical d’Arpège reprend vie !

Pas moins de 22 concerts avec ce chef charismatique, à chaque fois entouré de belle manière… Véronique Gens, Philippe Jaroussky, Alain Buet, Danielle Borst, Isabelle Poulenard, Jean-Louis Comoretto, ou encore Hasnaa Bennani, pour ne citer que quelques-uns des solistes qui nous ont ainsi fait l’honneur de leur présence lors de ces concerts !

Et que ce soit à Bordeaux, Bayonne, Toulouse, Agen, Lourdes, Tourcoing, Marcq-en-Barœul, Saint-Maixent-l’Ecole ou Perpignan, ces lieux ont vibré sous les harmonies des grands oratorios de Bach, Haendel, Purcell, Charpentier ou de Lalande.

 

Alors, même si ce grand chef n’est plus à nos côtés pour partager ces souvenirs, c’est avec plaisir que nous en évoquons quelques-uns grâce à son épouse, Renée Malgoire.

Jean-Claude et Bordeaux, une longue histoire, non ?

« Oh oui ! Son premier contact musical à Bordeaux date de 1963, avec l’Orchestre Symphonique de Bordeaux, alors dirigé par Jacques Pernoo. Ils recrutaient un hautboïste (c’était assez difficile de trouver des hautboïstes de bon niveau) ; c’était son premier poste en tant que titulaire, juste après son service militaire [après la guerre d’Algérie].

Plus tard, il y a eu les premiers concerts avec le Groupe Vocal Arpège de Bordeaux, en 1980, sous l’impulsion de Joël Péral : c’était autour du Miserere de De Lalande, suivi de son enregistrement chez CBS [diapason d’or]. Jean-Claude l’aimait énormément. Et puis il s’entendait très bien avec Joël Péral car ils étaient tous les deux très instinctifs et passionnés. Après un travail musicologique approfondi, Jean-Claude aimait transmettre aux choristes ainsi qu’au public toutes ses émotions ;  il aimait vivre la musique en direct, sans trop la décortiquer ; il était un homme de l’instant présent. »

Et Arpège ? Pourquoi ce chœur ?

« Jean-Claude a toujours aimé travailler avec des chœurs amateurs car il les trouvait réactifs et souples, faciles à modeler. Ils n’ont évidemment pas la technicité des chanteurs professionnels, mais ils peuvent accéder à une qualité musicale très honorable. Et Arpège fait partie de ces ensembles à l’exigence vocale indéniable. Jean-Claude adorait le chœur, jusqu’à son dernier concert, avec Jacques Charpentier. Il y trouvait une rigueur, une discipline vocale, un soin dans la technique vocale même si ce sont des amateurs. Beaucoup de travail, et l’impression d’une discipline stricte imposée aux choristes qui explique certainement cette qualité. »

Une anecdote, un souvenir à raconter ?

« … Il y a bien cette fois-là, le 4 avril 1995, où la voiture de notre régisseur avait été volée, avec 2 contrebasses et les partitions d’orchestre de Jean-Claude. C’étaient celles de Mozart, la Messe en Ut, à la veille d’un concert donné avec Arpège à Perpignan. On a bien retrouvé les instruments un peu plus loin, dans l’herbe, mais pas les partitions ! On a dû demander en urgence à un orchestre parisien de nous les envoyer, et ils ont pu nous dépanner. Un peu de stress, un jour avant le concert ! »

Et vous, Renée ? Quel était votre travail à ses côtés ?

« Cela a été 40 ans de travail et de vie personnelle en commun, sans aucune dissociation. Au début, je faisais un peu tout pour La Grande Ecurie, passant de la gestion des pupitres à l’administratif – qui était bien moins complexe que de nos jours. Et puis très vite, je me suis occupée de l’artistique, comme le recrutement des chanteurs, et j’ai participé à la mise en place du regroupement des trois opéras du Nord [Opéra de Lille, spécialisé dans les grands opéras, Atelier lyrique de Tourcoing qui proposait des œuvres moins données et de la musique religieuse, et Roubaix, pour la danse]. »

Comment faisiez-vous pour déceler les futures grandes voix, comme Philippe Jaroussky, Sabine Devieilhe, Véronique Gens, et bien d’autres ?

« Jean-Claude aimait bien donner leurs chances aux jeunes chanteurs, nouveaux dans le métier. Il les aidait, il les rassurait, il leur donnait une vision un peu différente du métier. Le lien qu’il créait avec eux était alors très fort, et à chaque fois qu’ils revenaient, il n’y avait plus de vedettes, juste une famille, avec beaucoup de confiance réciproque et d’amitié. »

La Grande Ecurie et la Chambre du Roy : que devient cet orchestre ?

« Il est maintenant dirigé par Alexis Kossenko, un très grand musicien. Mais la période est compliquée, car tous ces chefs ont aussi leur propre orchestre ; c’est le cas d’Alexis. Un équilibre est en train de se trouver entre tous ces ensembles, mais je ne suis plus personnellement concernée, ne faisant pas partie de l’association. »

Et le vin dans tout ça ?

« Ah… une autre chose que Jean-Claude appréciait beaucoup ; le rouge avait sa préférence, même si nous avons bu quelques Sauternes mémorables… Il était plutôt « Médoc », même si un Petrus et Château Cheval Blanc ne se refusent pas !! Il aimait avant tout partager sa passion ; celle du vin comme celle de la gastronomie ; il cuisinait toujours pour ses amis ; tous ont des souvenirs formidables de ces dîners, notamment les dîners d’après-concert ! »

Et pour nous…

Les répétitions de travail avec Jean-Claude Malgoire et les nombreux concerts où il nous a dirigés ont contribué à faire d’Arpège ce que nous sommes aujourd’hui. Ces collaborations nous ont fait grandir et sont inscrites dans l’ADN du chœur.

Les magnifiques instants musicaux, à la fois si brefs et si profondément ancrés en nous, évoquent assurément pour l’ensemble de nos chanteurs ces quelques mots : plaisir, émotion, énergie, reconnaissance et découverte !

Pour tout cela merci Jean-Claude, merci Renée !

 

Nos concerts avec Jean-Claude Malgoire

 

1980 – Miserere de M.-R. De Lalande (Bayonne/Toulouse/Bordeaux)

1990 – Passion selon Saint-Jean de J.-S. Bach (Bordeaux/Lourdes/Agen)

1990 – La création de J. Haydn (Lourdes/Agen)

1991 – Requiem & Vêpres solennelles de W.-A. Mozart (Bordeaux/Mérignac)

1995 – Messe en Ut & Vêpres Solennelles de W.-A. Mozart (Mérignac/Lourdes/Perpignan)

1995 – Ode & Funérailles de la Reine Mary/Te Deum de H. Purcell (Lourdes/Bordeaux)

1999 – Messie de G.-F. Haendel (Bordeaux/Saint Maixent l’école/Lourdes)

2000 – L’Arlésienne de G. Bizet (Mérignac)

2002 – Israël en Egypte de G.-F. Haendel (Tourcoing/Lourdes/Bordeaux)

2011 – Messie de G.-F. Haendel (Mérignac/Marcq-en-Baroeul)

2014 – Requiem & Vêpres solennelles de W.-A. Mozart (Mérignac/Tourcoing)

 

Rappel de nos prochains concerts :